Lors d'un atelier, le designer peut être amené à prendre une double casquette: celle du facilitateur qui provoque une discussion, régule la parole et donne un cadre de réflexion et celle du designer qui révèle les frictions, soulève des questions et transforme les idées en prototype.
Lors d'un atelier, un designer peut mettre en place une pratique qui invite à la co-construction en combinant le rôle de designer qui révèle les tensions capter les écarts, les divagations, les étonnements, révéle des tension inspirante et celui de facilitateur qui cadrer la réflexion et concilie pour permettre le dialogue. Cette alliance entre design et facilitation m’est apparue sous deux formes : lors de la conception d'outils pour les atelier et lors de l’animation des ateliers.
À travers la conception d’outils, j’ai parfois cherché à mettre en tension des problèmes et révéler les frictions, comme ce fut le cas pour un atelier abordant la politique de lutte contre l’illettrisme :
Dans le parcours d’un individu en situation d’illettrisme, il existe des pôles essentiels pouvant être vecu comme des ruptures ou des tremplins : l’école, le travail, l’environnement dans lequel il vit et les formations pour lutter contre l’illettrisme. Le but de l'outil que j'ai construit pour cet atelier etait de définir les expériences positives et négatives qui gravitent autour de ces “pôles essentiels”. Nous avions séparé les encadrants des personnes en situation d’illettrisme pour que ces dernières aient une libre expression. Les deux groupes ont travaillé séparement sur l'outil. Nous avons ensuite confronté les vecus de ceux qui vivaient le dispositif et ceux qui le construisaient mettant en tension les problèmes des personnes en situation d’illettrisme et les solutions mis en place par les aidants.
À l’inverse, un outil peut servir de médiateur pour faciliter la discussion. Ce fut le cas lors d'un atelier sur la coordination des acteurs de l'intégration des réfugiés. L’objectif était que les personnes sous protection internationale soient placées au coeur de la reflexion avec des acteurs devant s’organiser autour d’elles. L'enjeu était l’entente entre les différents acteurs de l'intégration afin qu’ils se coordonnent. Les participants etait amenés à organiser les acteurs sur un plateau autour des cinq pilliers fondamentaux de l'intégaration et de trouver des dispositifs pour mettre en lien ces pôles.
Pour l’animation d’atelier, le designer peut tantôt prendre la place d’un facilitateur tantôt celle d’un designer en fonction de ce qu’il se passe. Durant certains ateliers, j’ai par exemple décidé de prendre une posture de designer en retrait afin de relever les tensions existantes et faire des liens pour générer une problématique. Tandis que durant d’autres ateliers j’ai fais de la facilitation en essayant de générer des discussions et de soulever des interrogations. Ce qui fait la richesse de l’alliance de ces deux attitudes est selon moi la capacité de s’adapter en fonction de l'avancé du projet. Cette oscillation permet au designer de trouver un équilibre entre les résultats attendus et l’inattendu émanant de ces rencontres.