Les méthodes expérimentales consistent à tester une hypothèse en faisant varier ses paramètres permettant de prendre une posture d’essai / erreur. Mes techniques de design évoluent selon une démarche expérimentale qui teste d’autres manières d'ouvrir les possibles. Cette liberté d’échouer permet d’être constamment en recherche.

L’enjeu du design ne résiderait pas uniquement dans la recherche d’une utilité par la construction d’objets, mais plutôt dans l’élaboration de possibilités. Le travail du designer consisterait plutôt à laisser place à l’imprévu en expérimentant ses processus de créations. Le designer ne serait plus uniquement dans une logique de projection et de matérialisation, mais comme celui qui donne les conditions pour expérimenter des possibilités, comme un producteur de devenir inattendu. L’objectif du designer se tournerait davantage sur l’ouverture d’espaces de pratique, il prendrait la place d’un agenceur d’espace-temps pour permettre aux personnes de pratiquer leur imagination. Un créateur de temporalité qui permet de passer d’un phénomène à un autre. Un moyen d’ouvrir le champ des possibles, en ne cherchant pas à rendre un produit fini, mais à redéfinir le problème par de nouvelles relations.
Dans cette perspective, le designer ne doit pas appliquer des méthodes pour conduire son projet, mais se construire une attitude lui permettant de trouver d'autres moyens de pratiquer le design. C'est-à-dire expérimenter ses outils en fonction de ce qu'il étudie.

L'exemple du diagnostic sensible développé par l'enseignant chercheur Jérôme Dupont met en lumière cette expérimentation par le design. Cette forme de diagnostic cherche à s'affranchir des méthodes classiques d'enquêtes telles que le questionnaire ou l'entretien pour construire d'autres filtres de lecture. J'ai par exemple décidé d'expérimenter le son des matières présentes sur un site pour comprendre les problèmatique de celui-ci. À l’aide d’un dispositif d’enregistrement me servant à enregistrer chaque son émit par la matière présente, j'ai décidé d’élaborer une musique avec les bruits enregistrés sur la place. Ce travail de récolte et de performance audio, m'a apporté une vision différente du site et à permis d'ouvrir les possibilités d'analyses.

La sensibilité des personnes ayant écouté cette musique sur le site a fait ressortir que ce lieu était bien trop impersonnel, stressant voire même oppressant. J'ai conclu que ce site méritait un espace relaxant pour les usagers venant promener leurs chiens. Sa fonction de récupération des écoulements d’eaux afin d'éviter les inondations serrait alors réutilisée par un dispositif producteur d’un son prenant cette fois une dimension relaxante.